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Un ingénieur chimiste est dévoré par sa passion pour un mannequin. Celle-ci sert de modèle à une sculpture que l’homme offre à son épouse…
Roberto Gavaldón (1909-1986) fut un réalisateur central de l’âge d’or du cinéma mexicain. Surnommé « le roi du mélodrame », il fut en fait surtout le cinéaste des passions intenses et exacerbées, se doublant parfois d’une obsession pour la mort, mais ce quelque soit le genre (film noir, ranchero…) : dans ses films, les personnages se retrouvent souvent dominés par ce qui les fascine et les obsède. Également connu pour ses qualités techniques (contre-jours, subdivision des espaces, profondeur de champ), Gavaldón importa une partie des traits formels du film noir américain (Anthony Mann, Joseph H. Lewis…) au sein du cinéma mexicain, qui construisait alors son identité.
Mexique / 1h47 / Imdb / DVD Titre original : La diosa arrodillada
Pendant la révolution mexicaine de 1917, le général Reyes, à la tête des insurgés, occupe la petite ville de Cholula, et y confisque les biens de la bourgeoisie locale. Mais il s’éprend de Béatriz, la fille de l’homme le plus riche de la ville…
Emilio Fernández (1904-1986) est le plus célèbre réalisateur de l’âge d’or du cinéma mexicain. Ayant pris part à la révolution, il doit fuir le pays en 1923, et rejoint Hollywood où il vit de petits rôles (il servira, entre autres, de modèle à la statuette des oscars). De retour au Mexique, fortement influencé par le cinéma d’Eisenstein (qui était venu sur place réaliser Que viva Mexico !), il tourne plusieurs mélodrames ranchero, marqués par une célébration des coutumes du pays et une idéalisation de son proche passé, mais aussi par une forme longue et contemplative (vastes ciels, regards grands ouverts, infinie mélancolie, grande douceur), et par la lumière sophistiquée du chef-opérateur Gabriel Figueroa. Célébré à l’international, son cinéma paraîtra dépassé en son pays à partir du milieu des années 50, contraignant progressivement Fernández à ne plus occuper les plateaux qu’en tant qu’acteur – son autre métier.
Mexique / 1h39 / Imdb / DVD Titre français (rare) : Amoureuse
Parti vivre à la campagne avec sa famille, Juan ne manque de rien. Mais il demeure torturé et insatisfait… (ouverture du film)
Carlos Reygadas (1971-) a créé une œuvre entourée d’un parfum de scandale (les corps et la sexualité y sont souvent figurés frontalement), mais son cinéma se présente surtout comme l’héritage le plus lisible du cinéma de Tarkovski, dont les grands principes sont perpétués (religiosité et transcendance cherchées dans la matière la plus triviale, narration éclatée, contemplation). Ses films dressent le portrait d’un Mexique à la violence larvée, latente, indissociable de la beauté d’un monde approché avec fascination.