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Le cinéma hollywoodien doit composer avec la crise morale du 11 septembre, et avec l’essor des séries télévisées. La prolifération des effets spéciaux et des retouches numériques transforme en profondeur le rapport des spectateurs à l’image ; à l’autre bout du spectre numérique, le DVD et la caméra DV permettent l’explosion du marché Nollywood. La décennie, enfin, est marquée par l’hégémonie du cinéma asiatique (renaissance du cinéma sud-coréen, apparition de cinéastes sud-asiatiques importants, sixième génération du cinéma chinois, continuation des âges d’or taïwanais et japonais), ainsi que par le renouveau des cinémas roumain et argentin.
Au XVIIIe siècle, Mongryong, un jeune aristocrate, rencontre la jeune Chunhyang, fille de courtisane, dont il tombe instantanément amoureux. Mais il doit la quitter pour suivre son père à la capitale. Le nouveau gouverneur de la région, ayant entendu parler de la beauté de Chunyang, exige qu’elle se donne à lui…
Im Kwon-taek (1936-), cinéaste aux cent films, fut d’abord sous la dictature sud-coréenne un réalisateur de séries B produites à la chaîne, à un rythme infernal – une période de sa filmographie qu’il reniera complètement par la suite. Avec L’Arbre généalogique, en 1979, il s’ouvre à la réalisation de films plus personnels, et devient bientôt l’un des cinéastes coréens les plus réputés. Avec un style calme et serein, parfois traversé de sexualité, ses films les plus célèbres se penchent sur le passé Coréen (culture, histoire nationale), et sur la manière dont ce patrimoine mental persiste dans l’époque présente – que ce soit le bouddhisme (Mandala), les traumatismes de la guerre (Gilsoddeum), la peinture Joseon (Ivre de femmes et de peinture) ou encore le Pansori (La Chanteuse de Pansori).
Corée du Sud / 1h56 / Imdb / DVD Titre original : Chunhyangjeon
En 1986, deux inspecteurs de police aux méthodes radicalement opposées, l’un de la campagne et l’autre de la ville, doivent mettre leurs forces en commun pour piéger un violeur et tueur en série, qui terrorise la province de Gyunggi…
Bong Joon-ho (1969-) est l’un des grands noms du renouveau coréen des années 2000. Son second film, Memories of Murder, est vu par des millions de spectateurs en Corée du Sud, et rencontre un succès critique international ; certains des traits stylistiques et narratifs de ce film (comme les brusques changements ou mélanges de tons) serviront de matrice à l’âge d’or du polar sud-coréen. De ce coup d’éclat, il déroule une filmographie atypique, qui utilise souvent le cinéma de genre (polar, film de monstre, science-fiction, comédie…) pour interroger les rouages sociaux et les rapports de classe, souvent traduits chez lui en termes spatiaux. Après un détour par l’Amérique, il rentre en Corée du Sud réaliser Parasite (2019), nouveau grand succès critique qui lui vaudra une palme d’or.
Corée du Sud / 2h11 / Imdb / DVD Titre original : Salinui chueok
Le quotidien des Haruno, qui habitent une petite ville de montagne près de Tokyo.
Katsuhito Ishii (1966-), dont les deux premiers films connurent un grand succès au box-office, est resté totalement invisible en occident jusqu’à The Taste of Tea – dont la forme apaisée de chronique familiale (qui n’est pas une constante de son cinéma) cadrait sans doute mieux avec la vision que les festivals avaient alors du cinéma japonais. Marqué par la publicité (où il fit ses armes), ainsi que par des cinéastes comme Lynch, Kitano ou Tarantino, mais aussi par le manga et l’animation (qui investissent plusieurs de ses films), Ishii compose un cinéma patchwork et imprévisible, électrisé par un humour loufoque et burlesque, graphiquement stylisé et parfois survolté.
Japon / 2h23 / Imdb / DVD Titre original : Cha no Aji
Mannu est sans emploi : il se rend à Calcutta pour emprunter de l’argent à d’anciens amis, afin de monter une affaire et remonter la pente. Entre deux visites, il se rend à la demeure de son ancienne fiancée, qui lui préféra finalement un homme riche, et qu’il n’a pas vue depuis des années…
Rituparno Ghosh (1963-2013), d’origine bengali, fut l’un des réalisateurs les plus singuliers du cinéma indien contemporain. Remarqué dès son second film (Unishe April, 1992, succès commercial et critique), il entame une curieuse filmographie en équilibre entre la production bollywoodienne populaire (dont il reprend la forme et les effets, certains codes, parfois les acteurs) et le cinéma indépendant bengali (nombreux dialogues, films en chambre, chansons parfois absentes – il se réclame lui-même de Satyajit Ray). Sa carrière, marquée par les adaptations (Rabindranath Tagore en premier lieu, mais aussi Shakespeare, O. Henry…), et par les portraits de figures féminines en souffrance, se terminera de manière plus inédite encore, par une série de films centrés sur la sexualité, où Rituparno Ghosh aborde frontalement l’homosexualité et la question transgenre, imprimant sa propre transition à l’image en devenant l’acteur de ses propres films.
La vie de deux frères est bouleversée par la réapparition de leur père, qu’ils ne connaissent que par une photographie vieille de douze ans… (ouverture du film)
Andreï Zviaguintsev (1964-), qui fut d’abord acteur au théâtre, connut un succès international avec son premier film, Le Retour, lion d’or à Venise. En découle une filmographie sévère, extrêmement marquée par le cinéma de Tarkovski (lenteur, importance de la nature, iconographie religieuse…), mais posant aussi un regard moral et féroce sur la Russie contemporaine, dépeinte comme un monde corrompu et déshumanisé, ayant perdu tout contact avec sa spiritualité.
Russie / 1h50 / Imdb / DVD Titre original : Vozvrashchenie
Un soir, au bar, quatre amies sympathisent avec l’énigmatique Mike, un ancien cascadeur balafré. Il se propose de reconduire l’une d’elles dans sa voiture, spécialement équipée pour filmer les cascades de cinéma…
Quentin Tarantino (1963-) fut la grande révélation de l’explosion des indépendants US dans les années 90, et reste l’un des rares cinéastes contemporains à tracer un trait d’entente entre la critique spécialisée et le public populaire. Son cinéma prend racine sur un entrelacs de référents cinématographiques, qui contaminent profondément le style et la narration de ses films – se nourissant notamment du cinéma de genre d’après-guerre (Sergio Leone, Russ Meyer, William Witney, wu xia pian, blaxploitation…), mais aussi de bien d’autres horizons (influences marquées de Jean-Luc Godard ou Howard Hawks). Narrativement tortueux, chapîtrés, et souvent centrés autour d’histoires de vengeance, ses films alternent entre des phases d’action violentes et un plaisir appuyé du dialogue.
USA / 1h53 / Imdb / DVD Titre original : Death Proof