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Les années 90 confirment l’essor des cinémas iranien, taïwanais et chinois, alors que le cinéma japonais revient sur la scène internationale. Le naturalisme (intimiste ou social) règne sur le cinéma européen ; aux USA, le cinéma hollywoodien dialogue avec des productions indépendantes en grande forme. La décennie est enfin marquée par les premières manifestations du numérique : essor des effets spéciaux, et expérimentations liées aux petites caméras (Dogme 95).
Mitchell Stephens, avocat, débarque dans une bourgade secouée par un terrible accident de bus, qui a emporté la majorité des enfants du village…
Atom Egoyan (1960-) fut d’abord de ces réalisateurs (Soderbergh, Haneke…) qui dans les années 80 et 90 exploraient les façons dont l’image vidéo des caméscopes pouvait interagir avec la fiction. Il partageait aussi avec David Lynch, dont son cinéma a souvent été rapproché, de décliner son œuvre en diverses pratiques artistiques (photographie, installations de musée). C’est cependant lorsque son cinéma se fera plus accessible, concédant davantage à la fiction traditionnelle (The Adjuster, Exotica, De beaux lendemains) qu’il connaîtra une célébration internationale. Il propose alors une série de films vénéneux et oniriques, tendus de thématiques psychanalytiques (l’inceste, notamment), où les solitudes s’entrechoquent au milieu de récits labyrinthiques dont il faut progressivement renouer les fils. Sa filmographie s’égarera à partir des années 2000, perdant peu à peu la reconnaissance critique qui faisait de lui l’un des cinéastes les plus estimés des années 90.
Canada / 1h52 / Imdb / DVD Titre original : The Sweet Hereafter
C’est le jour de l’an en Iran : tous les foyers se procurent un poisson, car d’après la coutume, la possession de cet animal assure bonheur et prospérité pendant une année…
Jafar Panahi (1960-) commence sa carrière à la télévision, et sera d’abord l’assistant d’Abbas Kiarostami, qui aura une influence considérable sur ses premiers films (il écrira d’ailleurs le scénario de deux d’entre eux). Contrairement à lui, cependant, Panahi s’attaque très frontalement à la société iranienne (notamment à la condition des femmes), et aura de ce fait des soucis beaucoup plus concrets avec la censure. Malgré leur grand succès en festival, et leurs nombreux prix remportés, la plupart de ses films se voient ainsi interdits en Iran, jusqu’à ce que Panahi se voie condamné, en 2010, à ne plus pouvoir tourner pour vingt ans : la suite de sa carrière se fait donc dans la clandestinité, son cinéma se réinventant formellement pour tourner en cachette, et intégrer cette censure à la narration même des films.
Iran / 1h25 / Imdb / DVD Titre original : Badkonake sefid
Ellie Arroway, orpheline depuis ses 9 ans, a toujours scruté le ciel. Devenue brillante astronome, et secondée d’une petite équipe de chercheurs, elle écoute l’univers pour guetter un signe d’intelligence extraterrestre…
Robert Zemeckis (1952-) fut, avec Joe Dante, l’un des protégés de Steven Spielberg, producteur exécutif de ses premiers films. Sous son influence, mais aussi sous celle de grands modèles de l’âge d’or (David Lean, Alfred Hitchcock, Michael Curtiz…), il devient l’un des rois du divertissement hollywoodien des années 80-90, dont il réalisa plusieurs films emblématiques (À la poursuite du diamant vert, Retour vers le futur, Qui veut la peau de Roger Rabbit, La Mort vous va si bien, Forrest Gump…). Au-delà de l’éclectisme des genres abordés, son cinéma se démarque par une soif d’expérimentations techniques (plans « impossibles », cohabitation du filmé et du dessiné, effets spéciaux « invisibles »), qui le menèrent dans les années 2000-2010 à une exploration poussée des possibilités du cinéma numérique (3D, performance-capture, tournage sans décors). Paradoxalement, ces recherches s’inscrivent dans un cinéma classique à toute épreuve, purement hérité du Hollywood ancien : forme patiente et équilibrée, narration vaste (une attention particulière au passage du temps), forte dimension romanesque, humilité de cinéaste artisan.
Leopold Kessler, jeune Americain d’origine allemande, débarque à Francfort en 1945, dans une Allemagne ravagée par les bombardements alliés. Il veut contribuer a la reconstruction du Vieux Continent, mais autour de lui, les blessures de la guerre tardent à se refermer… (ouverture du film)
Lars von Trier (1956-) est l’un des formalistes les plus influents du cinéma contemporain. Nourri par l’œuvre de Dreyer, Bergman ou Tarkovski (qu’il reformule sur un mode plus ludique et imagier), mais aussi par le cinéma d’Orson Welles, Lars von Trier eut très tôt un goût pour l’invention de concepts, de règles narratives et formelles auxquelles se plier (comme en témoignent ses nombreuses trilogies), et dont le « Dogme 95 » représenta l’apogée médiatique. Le déclic et la césure que représente, dans sa filmographie, la série L’hôpital et ses fantômes (1994), l’amène à des tournages plus instinctifs et à un nouveau rapport aux comédiens, dont les performances dès lors très remarquées (et obtenues par des moyens parfois controversés) devinrent l’un des traits caractéristiques de sa filmographie. Son goût pour la provocation, voire pour l’auto-sabotage, ont parfois fait de l’ombre à ce que son cinéma a de plus profond – obsessions politiques et historiques, dépression et peur de la frigidité, rapport sadique à ses propres personnages.
Chine, 1925. Douxi, jeune fils d’une prostituée, est abandonné par sa mère à l’école de l’opéra de Pékin…
Chen Kaige (1952-), comme nombre de cinéastes de la cinquième génération, grandit dans le contexte traumatisant de la révolution culturelle. Il est formé comme ses confrères à l’Université de cinéma de Pékin – ses amis de promotion sont les autres grands cinéastes de la période : Zhang Yimou (qui sera aussi son chef-opérateur) et Tian Zhuangzhuang. Il développe dès son premier film (Terre jaune, 1984) une forme sytlisée, et un regard critique posé sur le régime communiste. La Palme d’or à Adieu ma concubine couronne une jeune filmographie qui, par la suite, se perdra dans un style plus docile, académique et pompier, au diapason de l’émergence du blockbuster chinois.
Chine / 2h51 / Imdb / DVD Titre original : Ba wang bie ji
Bill Blake, jeune comptable en route pour l’Ouest américain, devient malgré lui un hors-la-loi traqué. Blessé, il est recueilli par Nobody, un Amérindien qui l’identifie d’emblée à son homonyme défunt, le poète anglais William Blake, et décide de sauver son âme…
Jim Jarmusch (1953-) est, depuis les années 80, l’une des figures emblématiques du cinéma indépendant américain – dont il est, aux côtés de Tarantino, le principal représentant de la veine post-moderne (collages de références, de musiques, de formes ou de genres). Son cinéma fait d’errances (en cela héritier de celui de Wim Wenders – entre autres nombreuses influences : Ray, Fuller, Melville, Keaton…) s’accompagne d’un burlesque parcimonieux et pince-sans-rire, d’un rythme lent, et d’une forme précise et épurée.