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Quand bien même le cinéma japonais, à ses débuts, s’est fortement calqué sur le modèle américain (notamment pour ses infrastructures), il eut très tôt des caractéristiques uniques. Déjà parce qu’il y fut moins considéré comme de la photographie que comme une nouvelle forme de théâtre (dont il hérita dès lors de nombreux traits), mais aussi parce que le bonimenteur (le « benshi ») y prit une importance démesurée, empêchant la mise en scène d’évoluer vers l’élaboration d’une narration autonome. D’où une grande résistance au cinéma parlant, devant lequel le Japon ne capitule qu’en 1936. En découle un cinéma unique dans sa forme et sa narration, mais aussi dans son système de genres (qui lui est propre), et qui brillera presque tout au long du siècle : le muet remarquable dès 1920, le premier âge d’or parlant (1935-1939), puis le second qui sera célébré à l’international (1950-1960), la richesse de la nouvelle vague et d’un cinéma de genre radical (années 60 et 70), les perles du cinéma indépendant et de l’animation dans les années 90-2000…
Un régiment de l’armée impériale japonaise est en déroute au milieu de la jungle birmane, aux derniers jours de la Seconde Guerre mondiale. Parmi les soldats se trouve Mizushima, qui a appris à jouer de la harpe…
Kon Ichikawa (1915-2008) accompagna la délicate transition entre la période classique et moderne du cinéma japonais. Sa filmographie teintée de pacifisme, souvent penchée sur l’Histoire récente du Japon, est caractérisée par un très fort éclectisme, en partie expliqué par les conditions de production (changements de studio, nombreuses œuvres de commande à partir du milieu des années 60…).
Japon / 1h56 / Imdb / DVD Titre original : Biruma no tategoto
Un corps géant flotte dans le noir… (ouverture du film) [article]
Asami Ike (1987-) est l’un des nombreux visages de l’animation indépendante japonaise du nouveau siècle – une nuée de jeunes cinéastes évoluant entre expérimental, art de musée, clip, et pastilles web, et dont le travail (souvent limité à quelques courts-métrages) se diffuse presque exclusivement dans les circuits parallèles (festivals, universités, internet). Formée à la Gedai (le département universitaire qui fut le principal foyer de cette mouvance), Asami Ike ébauche un cinéma ouaté et rêveur, régressant vers les sensations de l’enfance, autour de quelques figures animales récurrentes (cétacés, lapins, chiens).
Keiku demande à la jeune Terugiku, geisha comme elle, de l’aider à renouer avec son fils, un adolescent qui la fuit. Mais Terugiku est déjà en conflit avec sa propre famille…
Mikio Naruse (1905-1969) est le dernier des quatre géants du cinéma classique japonais. Son cinéma ne sera « découvert » et reconnu en occident que tardivement, dans les années 80-90 : cela s’explique en partie par son style, qui se fait particulièrement sobre et discret à l’arrivée du parlant (prédominance du quotidien, dédramatisation et intrigues laissées ouvertes, beaucoup de parti-pris reportés à l’étape du montage). Spécialisé dans le shomingeki (comme Ozu), et attaché à décrire les difficultés d’héroïnes faisant face à la lâcheté des hommes (comme Mizoguchi), son œuvre atteint ses sommets après la deuxième guerre mondiale, alors qu’elle se spécialise dans les histoires amères de familles déchirées.
Japon / 1h12 / Imdb / DVD Titre original : Kimi to wakarete
Un groupe d’amies (Sublime, Douce, Kung-Fu, Prof, Mac, Mélodie et Fantaisie) vont passer les vacances à la campagne, dans la maison de la tante de l’une d’elles. Mais la demeure se révèle hantée…
Nobuhiko Ōbayashi (1938-) est surtout resté célèbre pour son film House, qu’on méprend encore aujourd’hui pour une série B aux maladresses charmantes, alors qu’il s’agit d’un film de studio au succès fracassant en salles, qui courait après l’aspect enfantin de ses effets spéciaux, et qui recherchait moins l’horreur que le psychédélisme. Le parcours d’Ōbayashi explique cette singularité : venu du cinéma expérimental, puis passant par la télévision et la publicité (plus de 200 à son actif), il y explora tant les derniers effets et trouvailles visuelles, que les nouvelles formes de narration. Sa filmographie, qui gardera par la suite des accointances avec le fantastique, raconte souvent des histoires de passage à l’âge adulte.
Kyoto, printemps 1865 : un jeune homme androgyne fait son entrée dans la milice de samouraïs Shinsen gumi. Sa beauté va provoquer crimes, meurtres, et suspicions…
Nagisa Ōshima (1932-2013) fut le chef de file de la Nouvelle vague japonaise. Il tourne d’abord pour la Shoshiku, qu’il quittera après qu’elle ait retiré des salles l’un de ses films critique à l’égard du traité américano-japonais (Nuit et brouillard du Japon, 1960). De fait c’est surtout ainsi, pour son cinéma transgressif et ses sujets brûlants (peine de mort, jeunesse criminelle…), qu’Ōshima est resté dans la mémoire collective ; mais cette subversion thématique est indissociable d’une manière lucide, aiguisée, adulte, qui ne cherche pas tant le scandale que la frontalité. À partir des années 70, son cinéma s’intéressera plus systématiquement à la sexualité (L’Empire des sens, 1976), parfois au travers de projets tout à fait accessibles au grand public (succès international de Furyo, en 1983).
Japon / 1h40 / Imdb / DVD Titre original : Gohatto
Dans le Japon médiéval, durant la guerre, une vieille femme et sa bru survivent en assassinant et depouillant les soldats qui s’aventurent dans les marais environnants…
Kaneto Shindō (1912-2012) fut l’une des figures de la nouvelle vague japonaise. Formé auprès de Mizoguchi, et scénariste pour les grands cinéastes de son temps (Ichikawa, Kinoshita, Suzuki), il développe d’abord un cinéma d’inspiration marxiste, centré sur les classes prolétaires, qui atteint son apogée avec l’observation contemplative du travail paysan dans L’île nue, son film le plus célèbre. Cette préoccupation se mariera, tout au long de sa prolifique filmographie, à d’autres motifs récurrents – les figures de femmes fortes, la sexualité, ou encore la question du primitif (par l’adaptation d’anciens contes populaires, notamment).
Japon / 1h43 / Imdb / DVD Titre français : Onibaba, les tueuses