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Le cinéma dit « moderne » (ou « modernité ») est une période aux jalons historiques et esthétiques ambigus. Elle se caractérise par une conscience de (la fin de) l’art classique, par une énonciation ne dissimulant plus la forme au travail, et par une réticence plus généralisée aux effets d’immersion et d’identification – défiance qui s’exprime notamment par une distanciation, une neutralisation, ou une mise en crise du récit et de la continuité (qu’elle soit spatiale, temporelle, ou causale). (40′-80′)
Au cours de l’année 1968, Louis Malle fait un voyage de six mois à travers l’Inde, caméra à la main… (ouverture du film) [article]
Louis Malle (1932-1995), issu d’une grande famille bourgeoise, n’aura de cesse de tromper cet héritage familial par des passions politiques marxistes, un goût de l’altérité et du voyage (tournages en mer, en Inde, aux USA), et une habitude à traiter de sujets scandaleux (inceste, collaboration avec le nazisme…) – sujets qu’il filme d’une façon calme et dépassionnée, avec un regard totalement dénué de morale. Cette forme apaisée, voire traditionnelle, fit qu’il ne fut jamais tout à fait associé à la Nouvelle vague, bien qu’en étant contemporain. Il conserve plutôt l’image d’un franc-tireur, singulier tant par ses expérimentations et l’éclectisme chercheur de sa filmographie, que par sa capacité à toucher un large public, et à se fondre sans difficultés, à l’occasion, dans les formes du cinéma américain. Bien qu’ayant tourné plusieurs documentaires, il reste aujourd’hui surtout célèbre pour ses fictions.
France / 6h18 / Imdb / DVD L’Inde fantôme est composé de 7 épisodes,
cet extrait est issu du premier d’entre eux (La Caméra impossible).
En 1866, la Vénétie est sous le joug de l’occupant autrichien. La comtesse Livia Serpieri est de ceux qui s’opposent avec vigueur à cette mainmise étrangère. Jusqu’au jour où elle s’éprend violemment d’un jeune lieutenant du camp ennemi…
Luchino Visconti (1906-1976) fut d’abord un pionnier du néoréalisme italien, auquel il donna deux de ses plus grands films (Ossessione et La Terre tremble). Si le reste de sa carrière ne suivra pas cette voie, on trouve déjà dans ces premiers films la veine opératique, romanesque et sensuelle qui coulera tout au long de sa filmographie. Sa carrière peut se lire comme un lent démasquage de la décadence de l’aristocratie, des premiers films où son déclin sourde sous la sophistication (Senso, Le Guépard), jusqu’aux œuvres plus tardives où elle pourrit à ciel ouvert (Les Damnés, Mort à Venise).
En 1990, un tremblement de terre dévaste le nord de l’Iran. Un cinéaste se rend sur place, accompagné de son fils, pour essayer de retrouver les deux jeunes acteurs du film qu’il y avait tourné.
Abbas Kiarostami (1940-2016) fut le visage du cinéma iranien pour le reste du monde dès les années 80 (il recevra, notamment, une plame d’or en 1997). Si son œuvre apparut d’abord comme un héritage particulièrement pur du néoréalisme, elle laissa vite entrevoir une autre dimension : celle de la mise en question du réel (mélange de fiction et de faits avérés, mises en abyme, flou entre réel et réconstitution, entre vérité et mensonge, jeux de références et de renvois entre les différents films). Peuplée de personnages d’enfants, mais aussi de voitures (habitacle intime de nombre de ses films), sa filmographie fait affleurer une discrète spiritualité de la captation du réel.
Iran / 1h35 / Imdb / DVD Titre original : Zendegi va digar hich
1940. Une famille de paysans pauvres du Nordeste fuit la sécheresse et la famine…
Nelson Pereira dos Santos (1928-2018) fut, avec Glauber Rocha, la figure de proue du Cinéma Novo. Après un voyage formateur en France, il rentre au Brésil pour façonner une œuvre découlant des principes du néoréalisme italien, dont il va pousser l’esthétique dans ses retranchements cruels et documentaires. Son cinéma réaliste, penché sur les favelas ou le Sertão, devra après le coup d’Etat militaire (1964) s’exprimer sur un registre plus allégorique. Le reste de sa carrière s’intéressera aux rapports entre politique et religieux, et se terminera par une série de documentaires.
Brésil / 1h43 / Imdb / DVD Titre original : Vidas Secas
À Berlin, les anges errent. Ils ne voient le monde qu’en noir et blanc, et ne peuvent qu’assister aux événements – sans rien sentir, goûter, ou toucher. Mais ils entendent les pensées des humains, et ont le pouvoir de leur apporter du réconfort. Un jour, l’un d’eux tombe amoureux d’une trapéziste…
Wim Wenders (1945-) fut la figure centrale du Neuer Deutscher Film, et l’un des cinéastes européens les plus renommés des années 80. Son cinéma intimiste et romantique, fait d’errance et de mécommunication, se parera de doutes au fur et à mesure des années (il fut notamment à la tête du courant de pensée théorisant « la mort du cinéma »), tandis que sa filmographie naviguera entre projets allemands et américains (la dernière partie de sa carrière rencontrant un accueil critique plus mitigé). Il est également photographe.
Allemagne / 2h08 / Imdb / DVD Titre original : Der Himmel über Berlin
Chômeur depuis deux ans, Antonio trouve un emploi de colleur d’affiches, mais il se fait voler sa bicyclette, outil indispensable dans le cadre de son nouveau métier. Accompagné de son fils, il part retrouver sa bicyclette à travers Rome…
Vittorio De Sica (1901-1974) fut d’abord comédien, métier qu’il continuera toute sa vie en parallèle de sa carrière de cinéaste – et qui l’aidera beaucoup pour diriger les acteurs amateurs de certains de ses films. Après quelques premiers essais derrière la caméra, son cinéma fait une rencontre fondamentale en la personne de Cesare Zavattini, théoricien et scénariste principal du néoréalisme italien alors naissant. De Sica tournera quatre de ses scénarios (dont Le Voleur de bicyclette, qui eut un retentissement international). Le reste de sa carrière (plus de trente films), qui se consacre à un cinéma plus commercial, et qui abandonne sa fibre tragique pour la comédie, ne fut pas toujours aussi convaincant.
Italie / 1h29 / Imdb / DVD Titre original : Ladri di biciclette