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La riche histoire du cinéma italien peut se résumer en deux âges d’or. Le premier, relativement court, a lieu dans les années 10 : le « divisme » (un cinéma de star-system centré sur les actrices) y côtoie les grandes productions du « colossal historique » (un précurseur du péplum et du film catastrophe). Le second âge d’or, démesurément long, débute en 1943 avec le séisme du néoréalisme ; suivront un grand nombre de cinéastes modernes (Fellini, Antonioni, Visconti, Pasolini…), et un cinéma de genre extrêmement diversifié (péplum, comédie, gore, giallo, western…). Cet état de grâce ne prendra fin qu’au début des années 80, sous les coups de butoir de la télévision, même si quelques cinéastes isolés (Moretti, Sorrentino…) font perdurer l’influence du pays au niveau mondial.
Dans une forêt obscure, Dante rencontre Virgile, et entreprend avec lui la traversée des cercles de l’enfer…
Giuseppe De Liguoro (1869-1944) est le plus célèbre des trois cinéastes. Il s‘agit d’un acteur et metteur en scène issu de l’aristocratie (il est comte), qui s’intéressa très tôt au théâtre – ce qui explique entre autres son goût, lorsqu’il se tourne vers le cinéma en 1908, pour les grandes adaptations et les films costumés. Il en tournera plusieurs pour la Milano film, dont il fut le directeur artistique, avant de délaisser Milan en 1914 pour tourner avec d’autres compagnies parsemées à travers l’Italie (Gloria Films, Catene Films, Roman Caesar Film, Gladiator Film…), à qui il offrira plusieurs autres succès commerciaux, notamment en mettant en scène la diva Francesca Bertini.
Il est plus difficile de trouver des informations sur Francesco Bertolini (?-?) et Adolfo Padovan (1896-1930), qui sont seulement connus pour ce film. Le premier était semble-t-il un homme multitâche, ici rattaché à la direction artistique ; le second ne travailla que temporairement pour le cinéma, étant avant tout auteur d’essais littéraires et philosophiques, et probablement employé sur L’Enfer en tant que tel. Le succès international du film poussa les trois cinéastes à co-réaliser une adaptation de L’Odyssée (1911), qui n’a que partiellement survécu jusqu’à nous.
Italie / 1h11 / Imdb / DVD Titre original : L’Inferno
Après avoir volé un collier, un jeune voyou, Walter, et sa complice, Francesca, se mêlent à un convoi de travailleuses, les « mondines », qui part vers les rizières. Mais étant sans contrat, comme d’autres femmes arrivées sur place, Francesca n’a pas le droit de travailler…
Giuseppe De Santis (1917-1997) accompagne d’abord le néoréalisme comme critique, puis comme co-scénariste (pour Visconti), avant de passer à la réalisation en 1945. Si son cinéma se démarque des autres films du mouvement par un ton politiquement engagé, et des revendications sociales clairement exprimées, il réalise aussi avec Riz Amer, grand succès international, l’un des films les plus sensuels et incarnés du courant. Il tombe en disgrâce critique au cours des années 50, et peine de plus en plus à produire ses films – il ne tournera plus après 1972.
Italie / 1h48 / Imdb / DVD Titre original : Riso amaro
Giulietta, la quarantaine passée, mène une vie de femme au foyer conformiste. Elle est toujours amoureuse de son mari, mais celui-ci la délaisse… (ouverture du film)
Federico Fellini (1920-1993) fut d’abord, comme beaucoup de jeunes cinéastes italiens de sa génération, un réalisateur de films néoréalistes (Les Vitelloni, La Strada), d’où émergent cependant très vite les traits qui feront la particularité de son cinéma : narration éclatée, foisonnement baroque, goût du grotesque, fantasmagorie teintée de nostalgie, satire sociale carnavalesque, mélange indifférencié du rêve et de la réalité. Accompagné de son compositeur attitré, Nino Rota, il sera l’un des cinéastes les plus reconnus de la période moderne, et accompagnera, dans les années 80, un mouvement général de rejet de la télévision – face à laquelle le cinéma italien succombera, en même temps que sa carrière.
Italie / 2h17 / Imdb / DVD Titre original : Giulietta degli spiriti
Poursuivie par une bande de conspirateurs, une jeune femme se réfugie dans un cinéma et regarde le film Cabiria. Elle décide de réclamer de l’aide à l’homme fort de ce film, Maciste, et le recherche dans les studios de la société de production Itala Films…
Luigi Romano Borgnetto (1881-1957), peintre de formation, travaille chez Itala Films à partir de 1907, notamment comme décorateur. Ses impressionnantes constructions pour Cabiria (Pastrone, 1914) lui ouvrent les portes de la série Maciste, dont il co-réalisera plusieurs épisodes. Il finit sa carrière à la Rodolfi Film.
Vicenzo C. Dénizot est l’un des nombreux français à avoir participé à l’explosion du jeune cinéma italien – mais il nous reste très peu de traces biographiques de lui. Acteur et réalisateur, il travaille en Italie du milieu des années 1900 à celui des années 20. Engagé par Itala Films, il y réalise Tigris (1913), thriller policier singulier qui connut un grand succès à l’international, et fut l’un des nombreux opérateurs de Cabiria, ce qui lui permit de co-réaliser plusieurs films de la série Maciste.
Italie / 1h07 / Imdb / DVD Autres titres : Maciste, L’Uomo Forte / Maciste il terrore dei banditi
En 1866, la Vénétie est sous le joug de l’occupant autrichien. La comtesse Livia Serpieri est de ceux qui s’opposent avec vigueur à cette mainmise étrangère. Jusqu’au jour où elle s’éprend violemment d’un jeune lieutenant du camp ennemi…
Luchino Visconti (1906-1976) fut d’abord un pionnier du néoréalisme italien, auquel il donna deux de ses plus grands films (Ossessione et La Terre tremble). Si le reste de sa carrière ne suivra pas cette voie, on trouve déjà dans ces premiers films la veine opératique, romanesque et sensuelle qui coulera tout au long de sa filmographie. Sa carrière peut se lire comme un lent démasquage de la décadence de l’aristocratie, des premiers films où son déclin sourde sous la sophistication (Senso, Le Guépard), jusqu’aux œuvres plus tardives où elle pourrit à ciel ouvert (Les Damnés, Mort à Venise).
Chômeur depuis deux ans, Antonio trouve un emploi de colleur d’affiches, mais il se fait voler sa bicyclette, outil indispensable dans le cadre de son nouveau métier. Accompagné de son fils, il part retrouver sa bicyclette à travers Rome…
Vittorio De Sica (1901-1974) fut d’abord comédien, métier qu’il continuera toute sa vie en parallèle de sa carrière de cinéaste – et qui l’aidera beaucoup pour diriger les acteurs amateurs de certains de ses films. Après quelques premiers essais derrière la caméra, son cinéma fait une rencontre fondamentale en la personne de Cesare Zavattini, théoricien et scénariste principal du néoréalisme italien alors naissant. De Sica tournera quatre de ses scénarios (dont Le Voleur de bicyclette, qui eut un retentissement international). Le reste de sa carrière (plus de trente films), qui se consacre à un cinéma plus commercial, et qui abandonne sa fibre tragique pour la comédie, ne fut pas toujours aussi convaincant.
Italie / 1h29 / Imdb / DVD Titre original : Ladri di biciclette