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Si l’Autriche fut un vivier de talents, la plupart d’entre eux firent carrière à l’étranger (en Allemagne, puis aux USA) : l’effondrement de l’Empire austro-hongrois en 1919, l’attractivité de l’UFA en Allemagne, ou encore l’importance que Vienne accordait aux arts plus élitistes (opéra, théâtre, musique savante) expliquent cette déshérence dès l’époque du muet. Passées quelques superproductions du début des années 20, et les inoffensives « viennoiseries » des années 50 (la série Sissi), l’Autriche reste surtout connue pour ses quelques cinéastes contemporains (Corti, Haneke, Seidl…).
1915. L’équipage d’un sous-marin allemand, sous le commandement du capitaine-lieutenant Liers, part de nouveau en mer après une permission…
Gustav Ucicky (1899-1961), fils illégitime de Gustav Klimt, grandit à Vienne où il devient dès les années 20 un chef-opérateur reconnu – il conservera par la suite une image de cinéaste technicien aux films impeccables. Sa carrière, à son arrivée en Allemagne en 1929, chemine bientôt aux côtés du IIIè Reich, pour qui il réalise des films propagande voilés (Jeanne d’Arc) ou plus explicites (Heimkehr). Sa filmographie n’a cela dit pas toujours un rapport d’adhésion évident au nazisme : son grand succès nationaliste Morgenrot chante ainsi la défaite (certes au profit d’une élégie du sacrifice pour la patrie), et se montre sévère avec la jubilation guerrière ; Le Maître de Poste, considéré son meilleur film, semble lui totalement étranger au conflit mondial qui éclate alors, allant fantasmer la Russie passée… Archétype du cinéaste de studio, docilité politique comprise, il s’endormira après-guerre dans une production routinière et inoffensive, notamment composée d’Heimatfilme.
L’UFA, ou « Universum Film AG » (1917-1945), fut le studio européen le plus puissant de l’entre-deux guerres. Créé au beau milieu du conflit a des fins de propagande (ce qui explique ses gigantesques moyens), il devient un véritable colosse une fois la guerre terminée (c’est par exemple le premier studio au monde à procéder à l’intégration verticale de ses différentes activités), attirant à soi les talents danois ou autrichiens, et produisant tous les cinéastes majeurs de l’âge d’or du cinéma allemand (Lubitsch, Lang, Murnau, Pabst…). Mise en difficulté à la fin du muet par Hollywood, qui lui vole ses réalisateurs, l’UFA connaît un regain de prospérité économique sous les lois protectionnistes du régime nazi, qui normalise la production jusqu’à finalement nationaliser le studio en 1937.
Allemagne (réalisateur autrichien) / 1h20 / Imdb / DVD Titre original : Morgenrot
Le pianiste Paul Orlac perd l’usage de ses deux mains dans un accident de train. On lui en greffe de nouvelles, qui s’avèrent être celles d’un assassin récemment exécuté…
Robert Wiene (1873-1938), réalisateur venu du théâtre, est surtout connu pour ses films liés au cinéma expressionniste allemand, dont il réalisa l’œuvre fondatrice (Le Cabinet du docteur Caligari, 1920). Sa filmographie étant moins convaincante une fois sortie de ce mouvement, on a parfois minoré son apport au profit de ses collaborateurs (Karl Mayer, Conrad Veidt, le trio Warm-Röhrig-Reimann). Il est contraint de s’exiler d’Allemagne à l’arrivée du nazime.
Autriche / 1h45 / Imdb / DVD Titre original : Orlacs Hände