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Les Révoltés de l’an 2000 • Narciso Ibáñez Serrador • 1976 Narciso Ibáñez Serrador / 1976

Un couple de touristes arrive un matin dans la petite île tranquille d’Almanzora. Ils ne tardent pas à découvrir que les enfants de l’île ont assassiné la majorité des adultes…
Narciso Ibáñez Serrador (1935-2019), venu d’Uruguay (il y passera son enfance), et ayant d’abord travaillé pour le théâtre et la radio, eut dès 1963 une carrière essentiellement dédiée à la télévision, pour laquelle il concevra notamment une célèbre série horrifique (Historias para no dormir). Il ne réalisera que deux longs-métrages, tous deux très estimés : La Résidence (1969), un slasher en pensionnat, et Les Révoltés de l’an 2000. Par le détour du genre, Serrador raconte les horreurs du franquisme, et la sensation d’un monde condamné, sans lendemain. Son cinéma se présente également comme un trait d’union entre le cinéma d’exploitation espagnol d’alors, et le cinéma d’auteur qui s’y développait parallèlement.
Espagne / 1h52 / Imdb / DVD
Titre original : ¿Quién puede matar a un niño ?

La Souriante Madame Beudet • Germaine Dulac • 1923 Germaine Dulac / 1923

Mme Beudet est malheureuse dans un mariage médiocre et insipide. Elle ne peut s’évader de la grisaille quotidienne que par ses rêveries. Mais l’image de son mari ne la quitte pas…
Germaine Dulac (1882-1942) fut d’abord une journaliste aux positions féministes affirmées, qui infuseront son œuvre par la suite. Profondément convaincue du pouvoir du cinéma (dans sa capacité à exister en tant qu’art à part entière, mais aussi en tant qu’outil éducatif), elle se met à la réalisation en 1915. De sa rencontre professionnelle et amicale avec Louis Delluc naîtra le courant impressionniste français – qu’elle nourrira par une série de films emplis d’effets visuels (jusqu’à flirter avec un cinéma purement abstrait, à la fin des années 20), mais aussi par le biais de ciné-clubs, de cours, ou de nombreux essais théoriques. L’arrivée du parlant la verra se tourner définitivement vers l’aspect documentaire et informatif du cinéma – jusqu’à devenir, en 1935, la directrice adjointe des actualités Gaumont.
France / 0h54 / Imdb / DVD

La Fin du monde • August Blom • 1916 August Blom / 1916

Un scientifique observe au télescope une comète, qui semble se diriger droit vers la Terre. Alors que la nouvelle se répand et que la catastrophe se précise, un riche speculateur, replié chez lui, célèbre le désastre à venir avec ses invités…
August Blom (1869-1947) d’abord acteur de théâtre puis scénariste, fut le grand réalisateur de la Nordisk (dont il prend la tête en 1910), et le plus célèbre cinéaste du muet danois, dont il « découvrit » de nombreuses stars (notamment Asta Nielsen). Il réalisera près de 100 films, dont 78 entre 1910 et 1914 – souvent des mélodrames élégants, parfois marqués par le fantastique ou par l’ampleur des productions (le grand succès d’Atlantis, en 1913, en marque l’apogée), ainsi que par l’usage dramatique du montage alterné.
La Nordisk Film, créée en 1906, fut l’un des plus influents studios du cinéma muet européen. Sa production divertissante et variée, qui colorait la haute société d’extravagance et d’un soupçon d’érotisme, connut un fulgurant âge d’or entre 1910 et 1916. Mais la guerre, ainsi que l’essor des cinémas suédois et allemands, stopperont son ascension. Il reste aujourd’hui, aux côtés de Gaumont et Pathé, l’un des plus vieux studios au monde encore en activité.
Danemark / 1h17 / Imdb / DVD
Titre original : Verdens undergang
Ancien titre français : L’Épée flamboyante

Juliette des esprits • Federico Fellini • 1965 Federico Fellini / 1965

Giulietta, la quarantaine passée, mène une vie de femme au foyer conformiste. Elle est toujours amoureuse de son mari, mais celui-ci la délaisse… (ouverture du film)
Federico Fellini (1920-1993) fut d’abord, comme beaucoup de jeunes cinéastes italiens de sa génération, un réalisateur de films néoréalistes (Les Vitelloni, La Strada), d’où émergent cependant très vite les traits qui feront la particularité de son cinéma : narration éclatée, foisonnement baroque, goût du grotesque, fantasmagorie teintée de nostalgie, satire sociale carnavalesque, mélange indifférencié du rêve et de la réalité. Accompagné de son compositeur attitré, Nino Rota, il sera l’un des cinéastes les plus reconnus de la période moderne, et accompagnera, dans les années 80, un mouvement général de rejet de la télévision – face à laquelle le cinéma italien succombera, en même temps que sa carrière.
Italie / 2h17 / Imdb / DVD
Titre original : Giulietta degli spiriti

Le Scarabée d’or • Segundo de Chomón • 1907 Segundo de Chomón / 1907

Un sorcier aperçoit un scarabée d’or grimpant le long des murs du palais, et le jette dans un creuset… (film entier)
Segundo de Chomón (1871-1929), qui travaillera en France sous le nom de « Chaumont », débuta sa carrière en Espagne comme coloriste. C’est en cette qualité qu’il est engagé chez Pathé, qui veut continuer à concurencer Méliès, que Chomón est invité à plagier pour ses premiers films. Il deviendra en fait un expérimentateur à part entière, explorant avec enthousiasme tout le potentiel de la colorisation et des effets spéciaux, qui prennent chez lui souvent le pas sur les films eux-mêmes (au point que ceux-ci en deviennent parfois brouillons). Il sera également l’un des pionniers du cinéma d’animation, et se verra, dans les années 10 et 20, employé comme truquiste (notamment sur Cabiria et Napoléon).
Pathé, avec Gaumont, fut l’une des plus imposantes sociétés des débuts du cinéma (en 1904, elle contrôle 30 à 50 % des films projetés dans le monde occidental). Ayant le quasi-monopole auprès du public de foires, elle produit énormément (parfois au détriment de la qualité), et participe très tôt, de par la diversité de son catalogue, à accentuer la découpe des films en « genres » ; elle pratique également une politique d’expansion par ses filiales à l’étranger ; et elle édite enfin les productions du « Film d’art », qui ouvrent le cinéma à un public plus bourgeois. Certains grands noms des deux premières décennies du cinéma travailleront chez Pathé : Albert Capellani, Ferdinand Zecca, Segundo de Chomón, ou encore Max Linder. La firme sera également célèbre plus tard pour ses actualités cinématographiques (le Pathé Journal, lancé dès 1908, deviendra très populaire dans l’entre-deux-guerre).
France / 2h03 / Imdb

Faust • Alexandre Sokourov • 2011 Alexandre Sokourov / 2011

Le docteur Faust s’applique à rechercher l’âme en éviscérant les cadavres. Un vieil et étrange usurier lui offre son aide, et lui présente la jeune Marguerite, dont Faust tombe éperdument amoureux…
Alexandre Sokourov, ou Alexandr Sokurov (1951-), fut à la VGIK l’élève d’Andreï Tarkovski – et son œuvre mystique, esthète, hypnotique, imprégnée par la question de l’âme russe, en garde indéniablement la trace. Le trait de signature le plus marquant de Sokourov est la distorsion de l’image et de sa colorimétrie, qui fait aussi un pont vers les autres arts (peinture, littérature) avec lesquels son cinéma tisse de nombreux liens. Mais c’est surtout le premier outil d’une narration évasive et hagarde, comme sortie d’un rêve, que le cinéaste confronte à de multiples sujets mélancoliques (films sur le passé historique et ses figures, sur la filiation, sur le voyage…).
Russie (film tourné en allemand) / 2h20 / Imdb / DVD