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Senso • Luchino Visconti • 1954 Luchino Visconti / 1954

En 1866, la Vénétie est sous le joug de l’occupant autrichien. La comtesse Livia Serpieri est de ceux qui s’opposent avec vigueur à cette mainmise étrangère. Jusqu’au jour où elle s’éprend violemment d’un jeune lieutenant du camp ennemi…
Luchino Visconti (1906-1976) fut d’abord un pionnier du néoréalisme italien, auquel il donna deux de ses plus grands films (Ossessione et La Terre tremble). Si le reste de sa carrière ne suivra pas cette voie, on trouve déjà dans ces premiers films la veine opératique, romanesque et sensuelle qui coulera tout au long de sa filmographie. Sa carrière peut se lire comme un lent démasquage de la décadence de l’aristocratie, des premiers films où son déclin sourde sous la sophistication (Senso, Le Guépard), jusqu’aux œuvres plus tardives où elle pourrit à ciel ouvert (Les Damnés, Mort à Venise).
Italie / 2h03 / Imdb / DVD

Les Moineaux • William Beaudine • 1926 William Beaudine / 1926

Une orpheline protège un groupe d’enfants abandonnés, séquestrés par un couple de fermiers prêts à tout pour en tirer le maximum de profit.
William Beaudine (1892-1970), un peu oublié aujourd’hui, fut l’un des cinéastes les plus prolifiques du cinéma Hollywoodien : il réalisa plus de 200 longs-métrages, très souvent tournés en moins de deux semaines. Faisant ses armes à la Biograph (il fut notamment l’assistant de Griffith), il toucha à tous les genres, mais fut davantage connu pour ses films fantastiques, ses films avec enfants, ses americanas, et surtout ses comédies (dont la série des « Bowery Boys »). Ses quelques années en Angleterre, durant les années 30, seront préjudiciables à sa carrière américaine, et Beaudine ne retrouvera jamais sa gloire du muet. Mais malgré la qualité très inégale de son œuvre, sa réputation de cinéaste efficace et économe lui permettra d’accompagner, à travers les décennies, l’histoire du cinéma à petit budget, des séries B des années 30 aux productions pour la télévision.
USA / 1h40 / Imdb / DVD
Titre original : Sparrows

Le film fut terminé par l’assistant réalisateur, Tom McNamara

Et la vie continue • Abbas Kiarostami • 1992 Abbas Kiarostami / 1992

En 1990, un tremblement de terre dévaste le nord de l’Iran. Un cinéaste se rend sur place, accompagné de son fils, pour essayer de retrouver les deux jeunes acteurs du film qu’il y avait tourné.
Abbas Kiarostami (1940-2016) fut le visage du cinéma iranien pour le reste du monde dès les années 80 (il recevra, notamment, une plame d’or en 1997). Si son œuvre apparut d’abord comme un héritage particulièrement pur du néoréalisme, elle laissa vite entrevoir une autre dimension : celle de la mise en question du réel (mélange de fiction et de faits avérés, mises en abyme, flou entre réel et réconstitution, entre vérité et mensonge, jeux de références et de renvois entre les différents films). Peuplée de personnages d’enfants, mais aussi de voitures (habitacle intime de nombre de ses films), sa filmographie fait affleurer une discrète spiritualité de la captation du réel.
Iran / 1h35 / Imdb / DVD
Titre original : Zendegi va digar hich

Millennium Mambo • Hou Hsiao-hsien • 2001 Hou Hsiao-hsien / 2001

Vicky se souvient de l’année 2001, dix ans auparavant, quand elle était encore une jeune femme partagée entre deux hommes… (ouverture du film)
Hou Hsiao-hsien (1947-) fut le chef de file de la « nouvelle vague » taïwanaise des années 80. Après quelques succès populaires au style anonyme, il débute réellement, avec Les Garçons de Fengkuei (1983), une œuvre entre autres influencée par le cinéma d’Ozu, et qu’on peut découper en plusieurs moments : une période de films autobiographiques (1983-1986), une autre penchée sur l’histoire sino-taïwanaise (1989-1995), et enfin une dernière observant la jeunesse contemporaine (1995-2007). Dans tous les cas, c’est une manière qui définit d’abord les films d’Hou Hsiao-hsien : un cinéma de la mémoire aux scénarios minimalistes, profondément sensoriel, fait de stases et de plans-séquence discrets qui captent la lumière et l’humeur du monde (à ce titre, sa mise en scène est difficilement dissociable du travail de son chef-opérateur attitré, Mark Lee Ping-Bin).
Taïwan / 1h40 / Imdb / DVD
Titre original : Qiānxī Mànbō

Betty Boop : Snow White • Dave Fleischer • 1933 Dave Fleischer / 1933

Jalouse de sa belle-fille, la Reine ordonne à ses gardes Bimbo et Koko de la décapiter…
Dave Fleisher (1894-1979) et son frère Max (1886-1972) créèrent, avec les Fleischer Studios, le seul concurrent sérieux aux studios Disney dans les années 20 et 30 (notamment sur le plan technique : ils furent par exemple précurseurs sur l’animation sonore). La principale spécificité de l’animation des Fleisher est la rotoscopie : une animation non pas créée de toutes pièces, mais décalquée de la performance filmée d’un modèle, dont on retranscrit directement les mouvements. Il en résulte une fluidité étrange et irréelle, dont leurs films sauront jouer. Mais les Fleisher marquèrent surtout la mémoire collective par leur ton singulier (surréaliste, irrévérencieux, à l’humour noir très marqué), par leur univers plus adulte (sexualité, contexte souvent urbain, grande dépression évoquée) et par les personnages récurrents qu’ils ont portés à l’écran (Popeye, Betty Boop, Koko le Clown).
USA / 0h07 / Imdb / DVD
Titre français : Blanche-Neige

The Great Train Robbery • Edwin S. Porter • 1903 Edwin S. Porter / 1903

Quatre hors-la-loi attaquent un train…
Edwin S. Porter (1870-1941) fut l’un des grands pionniers du cinéma américain. Travaillant d’abord comme télégraphe, il garda toujours au cinéma un rapport de technicien, cherchant à améliorer caméras et projecteurs. Mais c’est en tant qu’innovateur de formes qu’il est resté célèbre. Engagé par les studios Edison, il s’inspire du cinéma de Méliès (pour la continuité narrative) et des innovations de l’École de Brighton (notamment leurs courses-poursuites). The Great Train Robbery, fruit de ces influences, sera un succès mondial. Quittant la société d’Edison en 1909, il crée la Rex Film Company, qui intégrera trois ans plus tard le consortium Universal.
La Edison Manufacturing Company, société New-Yorkaise, fut le berceau des tous premiers films américains, et la société de production la plus importante du pays durant les années 1900. Elle fut aussi le cauchemar des cinéastes de son temps : redoutable commercial, Edison cherche à écraser les productions indépendantes par la formation d’un Trust en 1908, qui réunit toutes les grandes maisons de production d’alors, épuisées par la guerre des brevets lancée par Edison depuis 1902. Il en résulta la fuite des indépendants à l’autre bout du pays, où ils s’installèrent – fondant ainsi Hollywood.
USA / 0h12 / Imdb / DVD
Titre français : Le Vol du grand rapide