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À l’aube d’un second déluge, une petite fille trouve un œuf, qu’elle garde tout contre elle. Un jeune homme croise son chemin, et décide de l’accompagner dans ses errances…
Mamoru Oshii (1951-) fut une figure centrale de l’âge d’or du cinéma d’animation japonais. Son style singulier marie des influences a priori contradictoires : celle du cinéma moderne européen le plus austère (Antonioni, Melville, Bergman, Tarkovski…), mais aussi l’héritage direct de l’animation japonaise d’alors. En découle une série de films à la lenteur hypnotique, pétris d’un symbolisme cryptique et remplis de dialogues philosophiques, que viennent électrocuter par intermittences de violentes scènes d’action. Oshii est également réalisateur de films en prises de vue réelles, mais ce sont ses œuvres animées (et notamment Ghost In The Shell, 1995) qui auront une influence majeure sur le cinéma d’action mondial, et notamment Hollywoodien (James Cameron, les Wachowski).
Japon / 1h21 / Imdb / DVD Titre original : Tenshi no tamago
Aveyron, 1798. Dans la forêt, des paysans surprennent un enfant sauvage d’une dizaine d’années, et le capturent, pour le livrer à l’institut des sourds-muets de Paris. Un jeune médecin, Jean Itard, demande alors la charge de l’enfant et l’emmène chez lui, où il va tenter de tout lui apprendre, du moindre geste à la parole…
François Truffaut (1932-1984) fut d’abord un jeune et célèbre critique (à Arts-Spectacles et aux Cahiers du cinéma), dont les thèses acerbes furent très influentes ; puis il fut la tête de proue, avec son ami Jean-Luc Godard, de la Nouvelle vague française (Les Quatre Cents Coups, 1959) ; et enfin un cinéaste majeur du cinéma des années 60 et 70. Si l’on retient souvent de lui ses influences (Renoir, Rossellini, Hitchcock), ses thématiques (rapport à l’enfance, séduction et femmes fatales), ou encore ses films cousins (les quatre opus d’Antoine Doinel, ses films séries noires…), sa plus grande force fut son style énigmatique : humble et discret d’apparence, économe et presque trop limpide, désarmant dans sa littéralité (à l’image de la neutralité bizarre son propre jeu d’acteur) – mais dont le ton lunaire cumulant les rimes et répétitions, les ellipses narratives, ou les réflexes issus de la littérature, évoque une ballade dans les tréfonds de l’inconscient. Truffaut meurt prématurément à 52 ans, laissant de nombreux projets inachevés derrière lui.
Le journal filmé de Jonas Mekas, tourné entre 1964 et 1968. [article]
Jonas Mekas (1922-2019), cinéaste d’origine lituanienne, trouva une terre d’accueil aux USA après la seconde guerre mondiale (sa filmographie, par la suite, se penchera souvent sur le déchirement de cet exil). Il achète une petite caméra 16mm en arrivant en Amérique, et ne la quittera plus : s’ensuit une série de films sous forme de journal intime ou familial, marqués par la libre-association d’images et de moments, et par l’exploration poétique des scories du filmage à la Bolex (fragments, variations de vitesse, palpitations de lumière). Le plus simple quotidien y prend tour à tour des accents fuyants, étranges ou sublimes… Mekas fut l’un représentants importants du courant Underground new-yorkais, et publia également (en lituanien) en tant que poète.
USA / 3h00 / Imdb / DVD Originellement titré Diaries, Notes and Sketches
Chine, 1925. Douxi, jeune fils d’une prostituée, est abandonné par sa mère à l’école de l’opéra de Pékin…
Chen Kaige (1952-), comme nombre de cinéastes de la cinquième génération, grandit dans le contexte traumatisant de la révolution culturelle. Il est formé comme ses confrères à l’Université de cinéma de Pékin – ses amis de promotion sont les autres grands cinéastes de la période : Zhang Yimou (qui sera aussi son chef-opérateur) et Tian Zhuangzhuang. Il développe dès son premier film (Terre jaune, 1984) une forme sytlisée, et un regard critique posé sur le régime communiste. La Palme d’or à Adieu ma concubine couronne une jeune filmographie qui, par la suite, se perdra dans un style plus docile, académique et pompier, au diapason de l’émergence du blockbuster chinois.
Chine / 2h51 / Imdb / DVD Titre original : Ba wang bie ji
La vie de deux frères est bouleversée par la réapparition de leur père, qu’ils ne connaissent que par une photographie vieille de douze ans… (ouverture du film)
Andreï Zviaguintsev (1964-), qui fut d’abord acteur au théâtre, connut un succès international avec son premier film, Le Retour, lion d’or à Venise. En découle une filmographie sévère, extrêmement marquée par le cinéma de Tarkovski (lenteur, importance de la nature, iconographie religieuse…), mais posant aussi un regard moral et féroce sur la Russie contemporaine, dépeinte comme un monde corrompu et déshumanisé, ayant perdu tout contact avec sa spiritualité.
Russie / 1h50 / Imdb / DVD Titre original : Vozvrashchenie
Un couple de touristes arrive un matin dans la petite île tranquille d’Almanzora. Ils ne tardent pas à découvrir que les enfants de l’île ont assassiné la majorité des adultes…
Narciso Ibáñez Serrador (1935-2019), venu d’Uruguay (il y passera son enfance), et ayant d’abord travaillé pour le théâtre et la radio, eut dès 1963 une carrière essentiellement dédiée à la télévision, pour laquelle il concevra notamment une célèbre série horrifique (Historias para no dormir). Il ne réalisera que deux longs-métrages, tous deux très estimés : La Résidence (1969), un slasher en pensionnat, et Les Révoltés de l’an 2000. Par le détour du genre, Serrador raconte les horreurs du franquisme, et la sensation d’un monde condamné, sans lendemain. Son cinéma se présente également comme un trait d’union entre le cinéma d’exploitation espagnol d’alors, et le cinéma d’auteur qui s’y développait parallèlement.
Espagne / 1h52 / Imdb / DVD Titre original : ¿Quién puede matar a un niño ?