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Les Moineaux • William Beaudine • 1926 William Beaudine / 1926

Une orpheline protège un groupe d’enfants abandonnés, séquestrés par un couple de fermiers prêts à tout pour en tirer le maximum de profit.
William Beaudine (1892-1970), un peu oublié aujourd’hui, fut l’un des cinéastes les plus prolifiques du cinéma Hollywoodien : il réalisa plus de 200 longs-métrages, très souvent tournés en moins de deux semaines. Faisant ses armes à la Biograph (il fut notamment l’assistant de Griffith), il toucha à tous les genres, mais fut davantage connu pour ses films fantastiques, ses films avec enfants, ses americanas, et surtout ses comédies (dont la série des « Bowery Boys »). Ses quelques années en Angleterre, durant les années 30, seront préjudiciables à sa carrière américaine, et Beaudine ne retrouvera jamais sa gloire du muet. Mais malgré la qualité très inégale de son œuvre, sa réputation de cinéaste efficace et économe lui permettra d’accompagner, à travers les décennies, l’histoire du cinéma à petit budget, des séries B des années 30 aux productions pour la télévision.
USA / 1h40 / Imdb / DVD
Titre original : Sparrows

Le film fut terminé par l’assistant réalisateur, Tom McNamara

Et la vie continue • Abbas Kiarostami • 1992 Abbas Kiarostami / 1992

En 1990, un tremblement de terre dévaste le nord de l’Iran. Un cinéaste se rend sur place, accompagné de son fils, pour essayer de retrouver les deux jeunes acteurs du film qu’il y avait tourné.
Abbas Kiarostami (1940-2016) fut le visage du cinéma iranien pour le reste du monde dès les années 80 (il recevra, notamment, une plame d’or en 1997). Si son œuvre apparut d’abord comme un héritage particulièrement pur du néoréalisme, elle laissa vite entrevoir une autre dimension : celle de la mise en question du réel (mélange de fiction et de faits avérés, mises en abyme, flou entre réel et réconstitution, entre vérité et mensonge, jeux de références et de renvois entre les différents films). Peuplée de personnages d’enfants, mais aussi de voitures (habitacle intime de nombre de ses films), sa filmographie fait affleurer une discrète spiritualité de la captation du réel.
Iran / 1h35 / Imdb / DVD
Titre original : Zendegi va digar hich

Millennium Mambo • Hou Hsiao-hsien • 2001 Hou Hsiao-hsien / 2001

Vicky se souvient de l’année 2001, dix ans auparavant, quand elle était encore une jeune femme partagée entre deux hommes… (ouverture du film)
Hou Hsiao-hsien (1947-) fut le chef de file de la « nouvelle vague » taïwanaise des années 80. Après quelques succès populaires au style anonyme, il débute réellement, avec Les Garçons de Fengkuei (1983), une œuvre entre autres influencée par le cinéma d’Ozu, et qu’on peut découper en plusieurs moments : une période de films autobiographiques (1983-1986), une autre penchée sur l’histoire sino-taïwanaise (1989-1995), et enfin une dernière observant la jeunesse contemporaine (1995-2007). Dans tous les cas, c’est une manière qui définit d’abord les films d’Hou Hsiao-hsien : un cinéma de la mémoire aux scénarios minimalistes, profondément sensoriel, fait de stases et de plans-séquence discrets qui captent la lumière et l’humeur du monde (à ce titre, sa mise en scène est difficilement dissociable du travail de son chef-opérateur attitré, Mark Lee Ping-Bin).
Taïwan / 1h40 / Imdb / DVD
Titre original : Qiānxī Mànbō

Eva ne dort pas • Pablo Agüero • 2015 Pablo Agüero / 2015

1952, Eva Perón vient de mourir à 33 ans. Durant un quart de siècle, son corps embaumé, sanctifié, enlevé, recherché, devient l’enjeu des forces dictatoriales qui s’affrontent dans le pays…
Pablo Agüero (1977-) est l’une des figures émergentes du jeune cinéma argentin. Il fut remarqué en festivals avec son premier long, Salamandra (2008), qui malgré une approche réaliste témoigne déjà d’un goût pour l’étrange, le déraisonnable, et le chaos. La Pentagonie de son enfance, décor de ce premier film et d’un documentaire qu’il tournera ensuite (Madres de los dioses, 2015), y tend un pont entre le réalisme et le légendaire – mariage qui s’exprimera à plein dans Eva ne dort pas, tout entier consacré à la formation d’un mythe.
Argentine / 1h40 / Imdb / DVD
Titre original : Eva no duerme

Le Chevalier de Maison-Rouge • Albert Capellani • 1914 Albert Capellani / 1914

À Paris, en 1793, pendant la Terreur, le Chevalier de Maison-Rouge fomente un complot pour faire évader la reine Marie-Antoinette.  [article]
Albert Capellani (1874-1931) fut, en France, l’un de ceux qui façonnèrent la transition d’un cinéma forain à un cinéma bourgeois, et qui poussèrent à l’allongement de la durée des films. Deux raisons à cela. L’adaptation littéraire, tout d’abord : il en tourna beaucoup (Les Misérables, Germinal, L’Arlésienne…), et fut le directeur artistique de la SCAGL (Société Cinématographique des Auteurs et Gens de Lettres), qui poursuivait la mouvance du « film d’Art » au sein de Pathé. Le théâtre, ensuite : il en reprend de nombreux traits et comédiens. En résulte un cinéma plein de maintien, aux tableaux fermement composés, dont le naturalisme appuyé cohabite en une étrange harmonie avec l’artificialité du théâtre. Après dix années prolifiques chez Pathé, Capellani ira travailler aux USA ; lorsqu’il rentre en France, en 1922, ses problèmes de santé ne lui permettent plus de tourner.
Pathé, avec Gaumont, fut l’une des plus imposantes sociétés des débuts du cinéma (en 1904, elle contrôle 30 à 50 % des films projetés dans le monde occidental). Ayant le quasi-monopole auprès du public de foires, elle produit énormément (parfois au détriment de la qualité), et participe très tôt, de par la diversité de son catalogue, à accentuer la découpe des films en « genres » ; elle pratique également une politique d’expansion par ses filiales à l’étranger ; et elle édite enfin les productions du « Film d’art », qui ouvrent le cinéma à un public plus bourgeois. Certains grands noms des deux premières décennies du cinéma travailleront chez Pathé : Albert Capellani, Ferdinand Zecca, Segundo de Chomón, ou encore Max Linder. La firme sera également célèbre plus tard pour ses actualités cinématographiques (le Pathé Journal, lancé dès 1908, deviendra très populaire dans l’entre-deux-guerre).
France / 1h49 / Imdb / DVD

Sécheresse • Nelson Pereira Dos Santos • 1963 Nelson Pereira Dos Santos / 1963

1940. Une famille de paysans pauvres du Nordeste fuit la sécheresse et la famine…
Nelson Pereira dos Santos (1928-2018) fut, avec Glauber Rocha, la figure de proue du Cinéma Novo. Après un voyage formateur en France, il rentre au Brésil pour façonner une œuvre découlant des principes du néoréalisme italien, dont il va pousser l’esthétique dans ses retranchements cruels et documentaires. Son cinéma réaliste, penché sur les favelas ou le Sertão, devra après le coup d’Etat militaire (1964) s’exprimer sur un registre plus allégorique. Le reste de sa carrière s’intéressera aux rapports entre politique et religieux, et se terminera par une série de documentaires.
Brésil / 1h43 / Imdb / DVD
Titre original : Vidas Secas