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En 1990, un tremblement de terre dévaste le nord de l’Iran. Un cinéaste se rend sur place, accompagné de son fils, pour essayer de retrouver les deux jeunes acteurs du film qu’il y avait tourné.
Abbas Kiarostami (1940-2016) fut le visage du cinéma iranien pour le reste du monde dès les années 80 (il recevra, notamment, une plame d’or en 1997). Si son œuvre apparut d’abord comme un héritage particulièrement pur du néoréalisme, elle laissa vite entrevoir une autre dimension : celle de la mise en question du réel (mélange de fiction et de faits avérés, mises en abyme, flou entre réel et réconstitution, entre vérité et mensonge, jeux de références et de renvois entre les différents films). Peuplée de personnages d’enfants, mais aussi de voitures (habitacle intime de nombre de ses films), sa filmographie fait affleurer une discrète spiritualité de la captation du réel.
Iran / 1h35 / Imdb / DVD Titre original : Zendegi va digar hich
Vicky se souvient de l’année 2001, dix ans auparavant, quand elle était encore une jeune femme partagée entre deux hommes… (ouverture du film)
Hou Hsiao-hsien (1947-) fut le chef de file de la « nouvelle vague » taïwanaise des années 80. Après quelques succès populaires au style anonyme, il débute réellement, avec Les Garçons de Fengkuei (1983), une œuvre entre autres influencée par le cinéma d’Ozu, et qu’on peut découper en plusieurs moments : une période de films autobiographiques (1983-1986), une autre penchée sur l’histoire sino-taïwanaise (1989-1995), et enfin une dernière observant la jeunesse contemporaine (1995-2007). Dans tous les cas, c’est une manière qui définit d’abord les films d’Hou Hsiao-hsien : un cinéma de la mémoire aux scénarios minimalistes, profondément sensoriel, fait de stases et de plans-séquence discrets qui captent la lumière et l’humeur du monde (à ce titre, sa mise en scène est difficilement dissociable du travail de son chef-opérateur attitré, Mark Lee Ping-Bin).
Taïwan / 1h40 / Imdb / DVD Titre original : Qiānxī Mànbō
1952, Eva Perón vient de mourir à 33 ans. Durant un quart de siècle, son corps embaumé, sanctifié, enlevé, recherché, devient l’enjeu des forces dictatoriales qui s’affrontent dans le pays…
Pablo Agüero (1977-) est l’une des figures émergentes du jeune cinéma argentin. Il fut remarqué en festivals avec son premier long, Salamandra (2008), qui malgré une approche réaliste témoigne déjà d’un goût pour l’étrange, le déraisonnable, et le chaos. La Pentagonie de son enfance, décor de ce premier film et d’un documentaire qu’il tournera ensuite (Madres de los dioses, 2015), y tend un pont entre le réalisme et le légendaire – mariage qui s’exprimera à plein dans Eva ne dort pas, tout entier consacré à la formation d’un mythe.
Argentine / 1h40 / Imdb / DVD Titre original : Eva no duerme
Kyoto, printemps 1865 : un jeune homme androgyne fait son entrée dans la milice de samouraïs Shinsen gumi. Sa beauté va provoquer crimes, meurtres, et suspicions…
Nagisa Ōshima (1932-2013) fut le chef de file de la Nouvelle vague japonaise. Il tourne d’abord pour la Shoshiku, qu’il quittera après qu’elle ait retiré des salles l’un de ses films critique à l’égard du traité américano-japonais (Nuit et brouillard du Japon, 1960). De fait c’est surtout ainsi, pour son cinéma transgressif et ses sujets brûlants (peine de mort, jeunesse criminelle…), qu’Ōshima est resté dans la mémoire collective ; mais cette subversion thématique est indissociable d’une manière lucide, aiguisée, adulte, qui ne cherche pas tant le scandale que la frontalité. À partir des années 70, son cinéma s’intéressera plus systématiquement à la sexualité (L’Empire des sens, 1976), parfois au travers de projets tout à fait accessibles au grand public (succès international de Furyo, en 1983).
Japon / 1h40 / Imdb / DVD Titre original : Gohatto
Le géant Töll mène une vie de laboureur sur l’île de Saaremaa avec sa femme Piret, parmi les humains bien plus petits que lui…
Rein Raamat (1931-) est producteur d’une vingtaine de documentaires, mais est surtout célèbre comme réalisateur de courts-métrages d’animation. Après avoir reçu une formation de peintre, il entre aux studios TallinFilm, où il fait ses débuts en tant qu’animateur de film de marionettes (première forme du cinéma d’animation estonien). Il y deviendra finalement le pionnier du dessin animé estonien à proprement parler (via la fondation du département Joonisfilm), ce qui lui permet de ne plus être limité aux productions pour enfants. Il débute alors une filmographie très éclectique sur le plan graphique (la forme de chaque film semblant s’opposer à celle du précédant), et non dénuée de tensions implicites vis-à-vis du pouvoir soviétique (par la mise en avant d’éléments de la culture estonienne, par exemple).
Estonie (URSS) / 0h14 / Imdb / DVD Titre français (traduction littérale) : Töll le Grand
Tenancière d’un saloon, Vienna embauche Johnny Logan comme musicien, un homme qu’elle a connu autrefois. Ils vont être en proie à la haine d’Emma, jalouse de Vienna et de sa relation avec le héros local, le « dancing kid »…
Nicholas Ray (1911-1979) fut, avec certains autre cinéastes comme Elia Kazan (avec qui d’ailleurs il travaillera), une figure phare de la dernière période du classicisme hollywoodien. Sa filmographie, traversée d’élans romantiques et tragiques, investit le cinéma de genre (film noir, western, péplum) pour en accompagner les mutations (retournement des codes, figures d’anti-héros) et y insuffler une dimension pulsionnelle (style épidermique, poids des regards). Sa carrière atteint un pic avec le succès de La Fureur de vivre (1955). Mais de par ses problèmes d’alcool, et suite à un malaise cardiaque sur l’un de ses tournages, il est progressivement écarté des plateaux hollywoodiens au début des années 60.
USA / 1h50 / Imdb / DVD Titre original : Johnny Guitar