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Un peintre est fasciné par une jeune danseuse dépressive, qui a renoncé aux bonheurs de la vie. Il en fait son modèle et la couvre d’éloges, jusqu’à se faire inquiétant… [article]
Evgueny Bauer (1865-1917) est avec Protazanov le plus célèbre cinéaste de la Russie pré-soviétique. Venu au cinéma par la direction artistique, il développe une œuvre dominée par les mélodrames bourgeois au romantisme macabre, où la mélancolie des amours malheureuses se teinte de noirceur, de pulsions morbides, d’ironie cruelle, ou encore d’onirisme. Fuyant les évènements révolutionnaires, il se blesse puis meurt en 1917, laissant derrière lui une filmographie de seulement cinq ans, et quelques 80 courts-métrages.
Russie / 0h49 / Imdb / DVD Titre original : Umirayushchiy lebed Autre titre français : Le Cygne mourant
Dans une forêt obscure, Dante rencontre Virgile, et entreprend avec lui la traversée des cercles de l’enfer…
Giuseppe De Liguoro (1869-1944) est le plus célèbre des trois cinéastes. Il s‘agit d’un acteur et metteur en scène issu de l’aristocratie (il est comte), qui s’intéressa très tôt au théâtre – ce qui explique entre autres son goût, lorsqu’il se tourne vers le cinéma en 1908, pour les grandes adaptations et les films costumés. Il en tournera plusieurs pour la Milano film, dont il fut le directeur artistique, avant de délaisser Milan en 1914 pour tourner avec d’autres compagnies parsemées à travers l’Italie (Gloria Films, Catene Films, Roman Caesar Film, Gladiator Film…), à qui il offrira plusieurs autres succès commerciaux, notamment en mettant en scène la diva Francesca Bertini.
Il est plus difficile de trouver des informations sur Francesco Bertolini (?-?) et Adolfo Padovan (1896-1930), qui sont seulement connus pour ce film. Le premier était semble-t-il un homme multitâche, ici rattaché à la direction artistique ; le second ne travailla que temporairement pour le cinéma, étant avant tout auteur d’essais littéraires et philosophiques, et probablement employé sur L’Enfer en tant que tel. Le succès international du film poussa les trois cinéastes à co-réaliser une adaptation de L’Odyssée (1911), qui n’a que partiellement survécu jusqu’à nous.
Italie / 1h11 / Imdb / DVD Titre original : L’Inferno
À l’aube d’un second déluge, une petite fille trouve un œuf, qu’elle garde tout contre elle. Un jeune homme croise son chemin, et décide de l’accompagner dans ses errances…
Mamoru Oshii (1951-) fut une figure centrale de l’âge d’or du cinéma d’animation japonais. Son style singulier marie des influences a priori contradictoires : celle du cinéma moderne européen le plus austère (Antonioni, Melville, Bergman, Tarkovski…), mais aussi l’héritage direct de l’animation japonaise d’alors. En découle une série de films à la lenteur hypnotique, pétris d’un symbolisme cryptique et remplis de dialogues philosophiques, que viennent électrocuter par intermittences de violentes scènes d’action. Oshii est également réalisateur de films en prises de vue réelles, mais ce sont ses œuvres animées (et notamment Ghost In The Shell, 1995) qui auront une influence majeure sur le cinéma d’action mondial, et notamment Hollywoodien (James Cameron, les Wachowski).
Japon / 1h21 / Imdb / DVD Titre original : Tenshi no tamago
Un couple de touristes arrive un matin dans la petite île tranquille d’Almanzora. Ils ne tardent pas à découvrir que les enfants de l’île ont assassiné la majorité des adultes…
Narciso Ibáñez Serrador (1935-2019), venu d’Uruguay (il y passera son enfance), et ayant d’abord travaillé pour le théâtre et la radio, eut dès 1963 une carrière essentiellement dédiée à la télévision, pour laquelle il concevra notamment une célèbre série horrifique (Historias para no dormir). Il ne réalisera que deux longs-métrages, tous deux très estimés : La Résidence (1969), un slasher en pensionnat, et Les Révoltés de l’an 2000. Par le détour du genre, Serrador raconte les horreurs du franquisme, et la sensation d’un monde condamné, sans lendemain. Son cinéma se présente également comme un trait d’union entre le cinéma d’exploitation espagnol d’alors, et le cinéma d’auteur qui s’y développait parallèlement.
Espagne / 1h52 / Imdb / DVD Titre original : ¿Quién puede matar a un niño ?
Un sorcier aperçoit un scarabée d’or grimpant le long des murs du palais, et le jette dans un creuset… (film entier)
Segundo de Chomón (1871-1929), qui travaillera en France sous le nom de « Chaumont », débuta sa carrière en Espagne comme coloriste. C’est en cette qualité qu’il est engagé chez Pathé, qui veut continuer à concurencer Méliès, que Chomón est invité à plagier pour ses premiers films. Il deviendra en fait un expérimentateur à part entière, explorant avec enthousiasme tout le potentiel de la colorisation et des effets spéciaux, qui prennent chez lui souvent le pas sur les films eux-mêmes (au point que ceux-ci en deviennent parfois brouillons). Il sera également l’un des pionniers du cinéma d’animation, et se verra, dans les années 10 et 20, employé comme truquiste (notamment sur Cabiria et Napoléon).
Pathé, avec Gaumont, fut l’une des plus imposantes sociétés des débuts du cinéma (en 1904, elle contrôle 30 à 50 % des films projetés dans le monde occidental). Ayant le quasi-monopole auprès du public de foires, elle produit énormément (parfois au détriment de la qualité), et participe très tôt, de par la diversité de son catalogue, à accentuer la découpe des films en « genres » ; elle pratique également une politique d’expansion par ses filiales à l’étranger ; et elle édite enfin les productions du « Film d’art », qui ouvrent le cinéma à un public plus bourgeois. Certains grands noms des deux premières décennies du cinéma travailleront chez Pathé : Albert Capellani, Ferdinand Zecca, Segundo de Chomón, ou encore Max Linder. La firme sera également célèbre plus tard pour ses actualités cinématographiques (le Pathé Journal, lancé dès 1908, deviendra très populaire dans l’entre-deux-guerre).
Le docteur Faust s’applique à rechercher l’âme en éviscérant les cadavres. Un vieil et étrange usurier lui offre son aide, et lui présente la jeune Marguerite, dont Faust tombe éperdument amoureux…
Alexandre Sokourov, ou Alexandr Sokurov (1951-), fut à la VGIK l’élève d’Andreï Tarkovski – et son œuvre mystique, esthète, hypnotique, imprégnée par la question de l’âme russe, en garde indéniablement la trace. Le trait de signature le plus marquant de Sokourov est la distorsion de l’image et de sa colorimétrie, qui fait aussi un pont vers les autres arts (peinture, littérature) avec lesquels son cinéma tisse de nombreux liens. Mais c’est surtout le premier outil d’une narration évasive et hagarde, comme sortie d’un rêve, que le cinéaste confronte à de multiples sujets mélancoliques (films sur le passé historique et ses figures, sur la filiation, sur le voyage…).
Russie (film tourné en allemand) / 2h20 / Imdb / DVD