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L’Arc-en-ciel • Mark Donskoï • 1944 Mark Donskoï / 1944

1944 : les nazis occupent un village d’Ukraine. Olena, partisane, est revenue au village pour mettre au monde son enfant. Capturée, maltraitée, puis enfermée dans une grange par l’occupant, elle s’apprête à accoucher. Tout le village attend…
Mark Donskoï (1901-1981) est presque le seul cinéaste à avoir émergé du désert artistique des années de « réalisme socialiste », qui posèrent une chape de plomb académique sur le cinéma soviétique. Élève d’Eisenstein, Donskoï en conserve le lyrisme, et si son cinéma s’inscrit pleinement dans le manichéisme de la production de propagande, il est également le lieu d’une réelle poésie, qui s’exprime notamment dans sa trilogie sur Gorki. Il rentre en disgrâce en 1949, après qu’un de ses films a été interdit par Staline, se retrouvant déplacé à Kiev jusqu’en 1957 – date à laquelle il réalise Le Cheval qui pleure, considéré comme son œuvre majeure. Il reste encore aujourd’hui un cinéaste controversé à propos duquel la cinéphilie se déchire.
URSS / 1h33 / Imdb
Titre original : Veselka

Le Bouton de nacre • Patricio Guzmán • 2015 Patricio Guzmán / 2015

Le Chili a 4300 km de frontière avec l’océan. Des indigènes massacrés de Patagonie aux navigateurs anglais, des victimes de la dictature jetés à la mer aux éléments venus du Cosmos, le film explore l’histoire tragique que le pays entretient avec l’eau…
Patricio Guzmán (1941-), documentariste ayant dû fuir son pays en 1973, s’est très tôt penché sur la figure de Salvador Allende (à laquelle il consacre notamment trois documentaires en collaboration avec Chris Marker, très remarqués à l’époque), ainsi qu’à la dictature de Pinochet. Plus récemment, il connaît une grande célébration critique avec Nostalgie de la lumière (2012), premier volet d’une trilogie visant à explorer la géographie et le passé du Chili, sur un rythme rêveur et une forme aux accents cosmiques, en réveillant les fantômes et traumatismes du passé national.
Chili / 1h22 / Imdb / DVD
Titre original : El botón de nácar

La Légende de Gösta Berling • Mauritz Stiller • 1924 Mauritz Stiller / 1924

Vers 1820 dans le Värmland, le pasteur Gösta Berling est chassé de son presbytère pour ivrognerie. Devenu le précepteur d’une riche et pieuse héritière, il va faire de multiples rencontres…  [article]
Mauritz Stiller (1883-1928) fut, avec Victor Sjöström, le grand cinéaste de l’âge d’or muet suédois. Comme son collègue, il manie un certain réalisme (tournage en extérieurs), adopte le patrimoine littéraire national (Selma Lagerlöf), et se confronte à la grandeur d’une nature rude. Mais à l’inverse du lyrisme qui marqua le cinéma de Sjöström, l’approche de Stiller se caractérise, même face aux récits les plus comiques ou romanesques, par une sécheresse économe, un style droit et presque ascète, rigoureux et patient. La Légende de Gösta Berling, apogée artistique de la carrière de Stiller, est aussi l’occasion pour le cinéaste de révéler Greta Garbo, actrice dont il va façonner l’ascension, et avec laquelle il sera invité à Hollywood. Mais la MGM s’approprie immédiatement Garbo, la faisant tourner avec d’autres cinéastes, et rabat Stiller sur des projets mineurs. Déçu, usé, et d’une santé fragile, Stiller rentre en Suède, où il meurt précocement en 1928.
La « Svenska Biografteatern » (rebaptisée « Svensk Filmindustri » lors d’une fusion en 1919) fut la compagnie majeure du muet suédois. Son chef de production, Charles Magnusson, y embauche en 1912 trois figures décisives du muet national (Victor Sjöström, Mauritz Stiller et Georg af Klercker) : ceux-ci, se formant ensemble, inventeront les codes faisant la renommée de « l’école suédoise » (relation de l’homme à la nature, tournage en extérieurs, goût pour la psychologie, grande qualité plastique). Le studio fut aussi célèbre pour ses collaborations étrangères (y tourneront ainsi nombre de grands noms européens : Dreyer, Christensen, Veidt…), et produira après-guerre les films de Bergman.
Suède / 3h03 / Imdb / DVD
Titre original : Gösta Berlings saga

L’Enfer • Francesco Bertolini, Giuseppe De Liguoro et Adolfo Padovan • 1911 Francesco Bertolini, Giuseppe De Liguoro et Adolfo Padovan / 1911

Dans une forêt obscure, Dante rencontre Virgile, et entreprend avec lui la traversée des cercles de l’enfer…
Giuseppe De Liguoro (1869-1944) est le plus célèbre des trois cinéastes. Il s‘agit d’un acteur et metteur en scène issu de l’aristocratie (il est comte), qui s’intéressa très tôt au théâtre – ce qui explique entre autres son goût, lorsqu’il se tourne vers le cinéma en 1908, pour les grandes adaptations et les films costumés. Il en tournera plusieurs pour la Milano film, dont il fut le directeur artistique, avant de délaisser Milan en 1914 pour tourner avec d’autres compagnies parsemées à travers l’Italie (Gloria Films, Catene Films, Roman Caesar Film, Gladiator Film…), à qui il offrira plusieurs autres succès commerciaux, notamment en mettant en scène la diva Francesca Bertini.
Il est plus difficile de trouver des informations sur Francesco Bertolini (?-?) et Adolfo Padovan (1896-1930), qui sont seulement connus pour ce film. Le premier était semble-t-il un homme multitâche, ici rattaché à la direction artistique ; le second ne travailla que temporairement pour le cinéma, étant avant tout auteur d’essais littéraires et philosophiques, et probablement employé sur L’Enfer en tant que tel. Le succès international du film poussa les trois cinéastes à co-réaliser une adaptation de L’Odyssée (1911), qui n’a que partiellement survécu jusqu’à nous.
Italie / 1h11 / Imdb / DVD
Titre original : L’Inferno

Betty Boop : Snow White • Dave Fleischer • 1933 Dave Fleischer / 1933

Jalouse de sa belle-fille, la Reine ordonne à ses gardes Bimbo et Koko de la décapiter…
Dave Fleisher (1894-1979) et son frère Max (1886-1972) créèrent, avec les Fleischer Studios, le seul concurrent sérieux aux studios Disney dans les années 20 et 30 (notamment sur le plan technique : ils furent par exemple précurseurs sur l’animation sonore). La principale spécificité de l’animation des Fleisher est la rotoscopie : une animation non pas créée de toutes pièces, mais décalquée de la performance filmée d’un modèle, dont on retranscrit directement les mouvements. Il en résulte une fluidité étrange et irréelle, dont leurs films sauront jouer. Mais les Fleisher marquèrent surtout la mémoire collective par leur ton singulier (surréaliste, irrévérencieux, à l’humour noir très marqué), par leur univers plus adulte (sexualité, contexte souvent urbain, grande dépression évoquée) et par les personnages récurrents qu’ils ont portés à l’écran (Popeye, Betty Boop, Koko le Clown).
USA / 0h07 / Imdb / DVD
Titre français : Blanche-Neige

L’Enfer blanc du Piz Palü • Arnold Fanck, Georg Wilhelm Pabst • 1929 Arnold Fanck, Georg Wilhelm Pabst / 1929

Un couple de jeunes mariés arrive à une cabane d’alpage. Ils y rencontrent un homme traumatisé par la mort de sa femme, survenue dix ans plus tôt… (ouverture du film) [article]
Arnold Fanck (1889-1974) fut le principal artisan du film de montagne, genre allemand de la fin du muet. Son style romantique et grandiose, à la fois païen (forces mythiques de la nature) et chrétien (obsession pour la pureté) rencontre un franc succès public. D’abord réticent à coopérer avec le nazisme, il finit par rejoindre le parti en 1940, et réalise pour lui deux films de propagande qui lui interdiront les plateaux une fois la guerre finie.
Georg Wilhelm Pabst (1885-1967) est l’une des grandes figures du cinéma muet allemand, à qui il offrit plusieurs films réalistes et sociaux teintés de psychologie, centrés autour d’héroïnes en difficulté. L’Enfer blanc du Piz Palü est avant tout un film d’Arnold Fanck : Pabst y fut engagé pour prendre en charge les scènes intimes d’intérieur, et épauler son collègue sur les aspects dramaturgiques du film.
Allemagne / 2h15 / Imdb / DVD
Titre original : Die weiße Hölle vom Piz Palü