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Le film est sans son. (ouverture du film) [article]
Maya Deren (1917-1961) est la mère du cinéma d’avant-garde américain. Elle travailla notamment à arracher le cinéma expérimental aux autres arts et à leurs courants hérités (surréalisme, dadaïsme…) qui y faisaient la loi durant le muet. Son œuvre est composée de courts-métrages à la symbolique cryptique, qui évoquent souvent une logique narrative de rêve, en mêlant les motifs de la psychanalyse et les formes de la danse. Son influence sur l’avant-garde fut à la fois artistique et très concrète, puisqu’elle s’efforça toute sa vie de fédérer les cinéastes expérimentaux américains, favorisant l’apparition du courant underground (Jonas Mekas, Stan Brakhage, Kenneth Anger…).
Compilation de plaques animées de lanternes magiques.
Inventée en 1659 par l’astronome Christiaan Huygens, puis divulguée au monde par le jésuite allemand Athanase Kircher, la lanterne magique est un appareil permettant de projeter au mur des images peintes sur plaques de verre, par l’intermédiaire d’une chandelle ou d’une lampe, et d’un jeu de lentilles. L’image peut être fixe, ou animée par l’association de plusieurs plaques. Déferlant sur l’Europe dès 1671, que ce soit dans les cours royales ou dans les villages où les colporteurs les présentent, les lanternes magiques toucheront à tous les genres, des fantasmagories et diableries (comme l’indique son nom originel, la « lanterne de la peur ») aux projections pédagogiques, en passant par sa production en série de jouet investissant les foyers (mi-XIXe siècle) où elle restera un divertissement de choix jusqu’à la première guerre mondiale. La lanterne magique, de par les nombreux traits qu’elle partage avec le septième art (projection, mouvement, imageries évoquant celles des films primitifs) est l’un des jalons fondamentaux du pré-cinéma.
Europe / DVD Plaques issues de la collection de P. G. et C. Alabanese
Musique : « Aquarium / Le Carnaval des animaux » (Camile Saint-Saëns, 1886)
1915. L’équipage d’un sous-marin allemand, sous le commandement du capitaine-lieutenant Liers, part de nouveau en mer après une permission…
Gustav Ucicky (1899-1961), fils illégitime de Gustav Klimt, grandit à Vienne où il devient dès les années 20 un chef-opérateur reconnu – il conservera par la suite une image de cinéaste technicien aux films impeccables. Sa carrière, à son arrivée en Allemagne en 1929, chemine bientôt aux côtés du IIIè Reich, pour qui il réalise des films propagande voilés (Jeanne d’Arc) ou plus explicites (Heimkehr). Sa filmographie n’a cela dit pas toujours un rapport d’adhésion évident au nazisme : son grand succès nationaliste Morgenrot chante ainsi la défaite (certes au profit d’une élégie du sacrifice pour la patrie), et se montre sévère avec la jubilation guerrière ; Le Maître de Poste, considéré son meilleur film, semble lui totalement étranger au conflit mondial qui éclate alors, allant fantasmer la Russie passée… Archétype du cinéaste de studio, docilité politique comprise, il s’endormira après-guerre dans une production routinière et inoffensive, notamment composée d’Heimatfilme.
L’UFA, ou « Universum Film AG » (1917-1945), fut le studio européen le plus puissant de l’entre-deux guerres. Créé au beau milieu du conflit a des fins de propagande (ce qui explique ses gigantesques moyens), il devient un véritable colosse une fois la guerre terminée (c’est par exemple le premier studio au monde à procéder à l’intégration verticale de ses différentes activités), attirant à soi les talents danois ou autrichiens, et produisant tous les cinéastes majeurs de l’âge d’or du cinéma allemand (Lubitsch, Lang, Murnau, Pabst…). Mise en difficulté à la fin du muet par Hollywood, qui lui vole ses réalisateurs, l’UFA connaît un regain de prospérité économique sous les lois protectionnistes du régime nazi, qui normalise la production jusqu’à finalement nationaliser le studio en 1937.
Allemagne (réalisateur autrichien) / 1h20 / Imdb / DVD Titre original : Morgenrot
Le Chili a 4300 km de frontière avec l’océan. Des indigènes massacrés de Patagonie aux navigateurs anglais, des victimes de la dictature jetés à la mer aux éléments venus du Cosmos, le film explore l’histoire tragique que le pays entretient avec l’eau…
Patricio Guzmán (1941-), documentariste ayant dû fuir son pays en 1973, s’est très tôt penché sur la figure de Salvador Allende (à laquelle il consacre notamment trois documentaires en collaboration avec Chris Marker, très remarqués à l’époque), ainsi qu’à la dictature de Pinochet. Plus récemment, il connaît une grande célébration critique avec Nostalgie de la lumière (2012), premier volet d’une trilogie visant à explorer la géographie et le passé du Chili, sur un rythme rêveur et une forme aux accents cosmiques, en réveillant les fantômes et traumatismes du passé national.
Chili / 1h22 / Imdb / DVD Titre original : El botón de nácar
Une femme mariée refuse les avances d’un puissant précepteur, et après l’avoir giflé pour se défendre, se réfugie entre les murs d’un domaine où les femmes travaillent les épices… (ouverture du film)
Ketan Mehta (1952-), au sortir de ses études, fut d’abord producteur pour la télévision, où il fut surpris de jouir d’une totale liberté : il se mit à arpenter le Gujarat et sa ruralité, rencontra les habitants, collecta les récits, et expérimenta à foison. Il en tire un premier film sur la caste des intouchables, Bhavni Bhavai (1980), immédiatement acclamé. Son cinéma allégorique et stylisé sera ensuite régulièrement célébré dans les festivals internationaux, et sera l’un des rares de l’époque à connaître, à l’occasion de Mirch Masala, une exploitation en salle hors des frontières de l’Inde.
À l’avènement du cinéma parlant, Chester Kent, producteur et metteur en scène de spectacles musicaux, se retrouve sans travail. Il décide alors de monter des prologues destinés à passer en première partie des films…
Busby Berkeley (1895-1976) fut le grand chorégraphe (et réalisateur de ces séquences chorégraphiées) du premier âge de la comédie musicale, qui porte indéniablement sa marque. Ancien sous-officier instructeur de l’armée, il créée d’immenses tableaux humains synchronisés, et souvent glacés (filles toutes semblables, grands sourires, décors frisant l’abstraction art déco…), qui utilisent les corps en gigantesques géométries humaines – inventant par la même occasion un arsenal d’idées de mise en scène (plongées totales, forts jeux de contrastes) pour s’y confronter.
Lloyd Bacon (1889-1955), après avoir exercé plusieurs années comme acteur (notamment chez Chaplin), devint un cinéaste extrêmement prolifique (près de 100 longs-métrages en trente ans) participant avec d’autres à construire le « style Warner » (ce style brut, nerveux, rapide, qui fit la renommée du studio). Il reste surtout célèbre pour ses comédies musicales des années de grande dépression (42e rue, notamment) – films où son style énergique, rythmé, épousant la vitalité du jeu des acteurs, complémente idéalement les grands numéros de Berkeley.
USA / 1h44 / Imdb / DVD Titre original : Footlight Parade