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Aveyron, 1798. Dans la forêt, des paysans surprennent un enfant sauvage d’une dizaine d’années, et le capturent, pour le livrer à l’institut des sourds-muets de Paris. Un jeune médecin, Jean Itard, demande alors la charge de l’enfant et l’emmène chez lui, où il va tenter de tout lui apprendre, du moindre geste à la parole…
François Truffaut (1932-1984) fut d’abord un jeune et célèbre critique (à Arts-Spectacles et aux Cahiers du cinéma), dont les thèses acerbes furent très influentes ; puis il fut la tête de proue, avec son ami Jean-Luc Godard, de la Nouvelle vague française (Les Quatre Cents Coups, 1959) ; et enfin un cinéaste majeur du cinéma des années 60 et 70. Si l’on retient souvent de lui ses influences (Renoir, Rossellini, Hitchcock), ses thématiques (rapport à l’enfance, séduction et femmes fatales), ou encore ses films cousins (les quatre opus d’Antoine Doinel, ses films séries noires…), sa plus grande force fut son style énigmatique : humble et discret d’apparence, économe et presque trop limpide, désarmant dans sa littéralité (à l’image de la neutralité bizarre son propre jeu d’acteur) – mais dont le ton lunaire cumulant les rimes et répétitions, les ellipses narratives, ou les réflexes issus de la littérature, évoque une ballade dans les tréfonds de l’inconscient. Truffaut meurt prématurément à 52 ans, laissant de nombreux projets inachevés derrière lui.
Le journal filmé de Jonas Mekas, tourné entre 1964 et 1968. [article]
Jonas Mekas (1922-2019), cinéaste d’origine lituanienne, trouva une terre d’accueil aux USA après la seconde guerre mondiale (sa filmographie, par la suite, se penchera souvent sur le déchirement de cet exil). Il achète une petite caméra 16mm en arrivant en Amérique, et ne la quittera plus : s’ensuit une série de films sous forme de journal intime ou familial, marqués par la libre-association d’images et de moments, et par l’exploration poétique des scories du filmage à la Bolex (fragments, variations de vitesse, palpitations de lumière). Le plus simple quotidien y prend tour à tour des accents fuyants, étranges ou sublimes… Mekas fut l’un représentants importants du courant Underground new-yorkais, et publia également (en lituanien) en tant que poète.
USA / 3h00 / Imdb / DVD Originellement titré Diaries, Notes and Sketches
Leopold Kessler, jeune Americain d’origine allemande, débarque à Francfort en 1945, dans une Allemagne ravagée par les bombardements alliés. Il veut contribuer a la reconstruction du Vieux Continent, mais autour de lui, les blessures de la guerre tardent à se refermer… (ouverture du film)
Lars von Trier (1956-) est l’un des formalistes les plus influents du cinéma contemporain. Nourri par l’œuvre de Dreyer, Bergman ou Tarkovski (qu’il reformule sur un mode plus ludique et imagier), mais aussi par le cinéma d’Orson Welles, Lars von Trier eut très tôt un goût pour l’invention de concepts, de règles narratives et formelles auxquelles se plier (comme en témoignent ses nombreuses trilogies), et dont le « Dogme 95 » représenta l’apogée médiatique. Le déclic et la césure que représente, dans sa filmographie, la série L’hôpital et ses fantômes (1994), l’amène à des tournages plus instinctifs et à un nouveau rapport aux comédiens, dont les performances dès lors très remarquées (et obtenues par des moyens parfois controversés) devinrent l’un des traits caractéristiques de sa filmographie. Son goût pour la provocation, voire pour l’auto-sabotage, ont parfois fait de l’ombre à ce que son cinéma a de plus profond – obsessions politiques et historiques, dépression et peur de la frigidité, rapport sadique à ses propres personnages.
Au cours de l’année 1968, Louis Malle fait un voyage de six mois à travers l’Inde, caméra à la main… (ouverture du film) [article]
Louis Malle (1932-1995), issu d’une grande famille bourgeoise, n’aura de cesse de tromper cet héritage familial par des passions politiques marxistes, un goût de l’altérité et du voyage (tournages en mer, en Inde, aux USA), et une habitude à traiter de sujets scandaleux (inceste, collaboration avec le nazisme…) – sujets qu’il filme d’une façon calme et dépassionnée, avec un regard totalement dénué de morale. Cette forme apaisée, voire traditionnelle, fit qu’il ne fut jamais tout à fait associé à la Nouvelle vague, bien qu’en étant contemporain. Il conserve plutôt l’image d’un franc-tireur, singulier tant par ses expérimentations et l’éclectisme chercheur de sa filmographie, que par sa capacité à toucher un large public, et à se fondre sans difficultés, à l’occasion, dans les formes du cinéma américain. Bien qu’ayant tourné plusieurs documentaires, il reste aujourd’hui surtout célèbre pour ses fictions.
France / 6h18 / Imdb / DVD L’Inde fantôme est composé de 7 épisodes,
cet extrait est issu du premier d’entre eux (La Caméra impossible).
Lætitia et Sophie partent en week-end à Quimper, la ville natale de Lætitia… Au fil de leur séjour réapparait la figure du « Marin masqué », son amour de jeunesse.
Sophie Letourneur (1978-) est l’une des figures du cinéma français contemporain, où elle s’imposa en 2010 avec son premier long (La vie au Ranch). Fascinée par le quotidien, l’anodin, le désœuvrement ou même l’ennui, elle commença à travailler à partir de l’enregistrement documentaire de conversations, méthode qui influera beaucoup la manière de concevoir ses fictions. Ses films sont souvent centrés sur les bandes d’amies et le milieu parisien qui est le sien, qu’elle observe avec une distance flegmatique et amusée.
Vicky se souvient de l’année 2001, dix ans auparavant, quand elle était encore une jeune femme partagée entre deux hommes… (ouverture du film)
Hou Hsiao-hsien (1947-) fut le chef de file de la « nouvelle vague » taïwanaise des années 80. Après quelques succès populaires au style anonyme, il débute réellement, avec Les Garçons de Fengkuei (1983), une œuvre entre autres influencée par le cinéma d’Ozu, et qu’on peut découper en plusieurs moments : une période de films autobiographiques (1983-1986), une autre penchée sur l’histoire sino-taïwanaise (1989-1995), et enfin une dernière observant la jeunesse contemporaine (1995-2007). Dans tous les cas, c’est une manière qui définit d’abord les films d’Hou Hsiao-hsien : un cinéma de la mémoire aux scénarios minimalistes, profondément sensoriel, fait de stases et de plans-séquence discrets qui captent la lumière et l’humeur du monde (à ce titre, sa mise en scène est difficilement dissociable du travail de son chef-opérateur attitré, Mark Lee Ping-Bin).
Taïwan / 1h40 / Imdb / DVD Titre original : Qiānxī Mànbō